Dur d’écrire #2 Tu n’es pas encore écrivain

Pendant toutes les années où tu écrivais seul dans ton coin, en volant des heures à la société, à la famille et à la nuit, tu n’étais pas écrivain. Tu ne l’étais pas pour les autres. Tu l’es devenu à la publication de ton premier roman. Tu l’es devenu aux yeux des autres, même de tes proches, quand un éditeur a choisi d’éditer ton « premier roman » – qui était en vrai, pour toi, le quatrième de tes romans. Mais ça tout le monde s’en fiche…

Qu’étais-tu alors ? Et qu’étaient ces romans qui dorment dans tes tiroirs ?

Faut que ça creuse… encore…

Tu étais un apprenti. Tu apprenais, en lisant, en écrivant, le métier. Tes romans n’en étaient pas tout à fait : c’étaient des tentatives, et il a fallu ces tentatives pour qu’une forme aboutisse un jour. Il a fallu recevoir des quantités de lettres de refus.

Bienheureux non, bienheureuses portes qui se referment, avant les premières lettres d’encouragement, les premiers coups de téléphone, les premiers conseils.

Il ne sert à rien de se proclamer écrivain tant qu’on n’a rien publié. Et, autant le dire, publié à compte d’éditeur. A compte d’auteur, outre les arnaques qui deviennent vraiment inquiétantes, ça ne compte pas. Il vous faut l’aval d’une maison d’édition, qui pose un sceau symbolique et dit : c’est un livre, et – encore mieux- c’est de la littérature. On ne se proclame pas écrivain tout seul. On se rendrait ridicule. Combien plus vain de se proclamer écrivain sans rien écrire, juste parce qu’on rêve à « la vie comme », ou qu’on se sent un don dont on n’a jamais rien fait.

Mais, si l’on écrit, si l’on travaille et si l’on est sincère, au fond de soi, oui, il faut se dire : Je le serai – au futur, et tenir à ce titre en secret.

Aurélien Delsaux

Un commentaire

  1. […] Il y a l’alcoolisme et la cervicalgie, qui sont les deux maladies professionnelles les plus courantes, avec la dépression. Mais on a aussi ceux qui serrent les dents la nuit (ou les poings), celles qui ont envie de vomir en se mettant au travail, ceux qui ont des maux de crâne et des palpitations en attendant les remarques de l’éditeur… Sans parler de la charge mentale : la vie est tout de même plus simple sans se mettre en tête d’écrire un roman, qu’on n’ait même pas sûr de voir publier (cf dur d’écrire #2). […]

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