[Critique] Clairières, de Gilles Ribero

Robert est un architecte, il crée des bâtiments sur base de résine dans un matériau à base des data des entreprises. Son collègue Paul lui dit qu’il est en train de devenir fou. Surtout depuis que ces bâtiments révolutionnaires génèrent des crimes.  

Il y a une bonne intention, mais trop de « couloirs », de « parallélépipèdes » et de « parois » dans ce premier roman, ainsi que beaucoup de « flagrances », beaucoup de descriptions assez obscures, et qui, malgré l’effort pour nous amener dans sa folie, nous laisse à côté des intentions de l’auteur. Il a une idée, celle de relier l’entreprise moderne et la question violence contemporaine, mais ça ne fait pas encore roman. Le lecteur manque de tension narrative parce qu’on manque d’émotions humaines, d’un minimum de tendresse peut-être. Les pages de descriptions architecturo-manageriales rendent le livre moins proche de Lautrémont que d’une installation d’arts plastiques. Sans surprise, je vois sur internet que ce primo-romancier de 35 ans sort de l’école d’art du Fresnoy. Il y a une certaine verve, un effort de métaphorisation du monde, une recherche étonnante dans les phrases, mais l’une phrase exprime bien le problème que, à l’instar de son personnage, le jeune auteur devra résoudre à l’avenir : «  Il appartenait à Robert de canaliser la charge de ses angoisses existentielles et de l’exprimer dans des formes adéquates ».  Bravo néanmoins pour cette première tentative. A suivre.

Sophie Divry 

Clairières, Gilles Ribero, Editions Allia, 2020, 112 pages, 10€

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